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Emphazium

20 juin 2010

Mot d'Amor

M'Amor,

Vueil saisir m'amor of le escrit, ne finir de ti proier au lonc de la letre. Si sui moult liès qe je te voi, ce est mon, croi me. Caianz di li magnor agroi le dormison o le compaignement of te donent vueil parloier. Vueil parloier mais de te beltor, cui sai lire pou, te mont beltor misterialcui me devuels moult doloir, me devuels porsachier lo cuers; mais morir qui forpaiser te amor puer me cuers.

Je veux vivement saisir mon amour par l'ecrit, ne point cesser de te prier d'amour tout au long de cette lettre. Le bonheur m'inonde lorsque je te vois, et je veux parler ici du grand plaisir que donnent ta compagnie en sommeil et en plaisir. Mais je vais aussi parler de ta beauté, que je sais peu lire, de ta pure beauté qui doit me causer nombre de malheurs peut-être, qui me doit tirailler le coeur. Mais plutôt mourir que d'en banir l'Amour que je te voue.

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15 juin 2009

Ebauche : De l'Ecriture

        Je pourrais me vanter d'avoir traversé le satané vieux continent de bout en bout, ou d'avoir cumulé les aventures fumeuses et fumantes, mais tout ça ne serait jamais qu'un souffle gaspillé. Je pourrais bien m'offusquer des diverses offenses qui m'ont été faites, ou crier sur tous les toits que ma vengeance s'abattra, toute romanesque, mais ce ne serait jamais qu'un peu de boue et un peu de sang, une mélasse nauséabonde tout juste bonne à nourrir quelque feuillet journalier. Tout aussi bien, et dans la même veine, je pourrais incendier, injurier ou clouer au pilori de la honte populaire diverses personnes aujourd'hui bien estimées, mais à quoi bon laisser ce venin s'insinuer dans les carcasses dégoûtantes de réputations mortes avant d'avoir vraiment vécu.

         Non, décidément, cette gymnastique ne convient pas à ma plume prude, et pour tout dire elle récalcitre à coucher sur le papier d'aussi plates tribulations. Un morceau de ce bon vieux Joplin ramène mon âme noyée de pensées vers un rivage plus subtil. Ce que je veux écrire, c'est la joie d'être, la joie d'exister, de sentir sous cette peau amère et blême les battements emportés d'un cœur fou, d'un sang empesé de passions inaltérées, inassouvies...Le temps d'un rag, la seconde d'une note, dans sa beauté et sa tragique fugacité. Or la Beauté, amante volage des poètes, habite tantôt le bien et tantôt le mal de ses courbes captivantes. Il me semble qu'il me faut La trouver dans les mésaventures, dans le chagrin, dans la mélancolie contemplatrice tant bien que dans le bonheur insensé ou la quiétude béate, ce par le renversement complet des sens et des significations. Libérée des esclavages du conformisme, mon écriture pourrait enfin m'exprimer, déposer un peu de moi sur cette surface inéluctablement blanche, ce buvard d'expression qu'est le papier. Et qu'écrirais-je alors ? Peut-être plus rien. Après tout, l'écriture, c'est exprimer un état de l'être, et la perfection en serait donc de ne léguer qu'une page vierge sur laquelle le lecteur appliquerait ses propres passions, qui lui parlent plus que celles d'un autre. Mais l'écriture est un voyage, une initiation, une transmission, et à ce titre la perfection n'existe pas, illusion qui nourrit le réel. Arriver à destination est impossible, le parcours seul compte, et il est éternel.


       Amour, un horizon qui n'arrive jamais, une rive que l'on effleure sans vraiment l'accoster. L'écriture si souvent a servi cette ombre que l'Homme nomme mais que personne n'a touché ! Il n'est pas visible mais inonde les yeux, Il n'est pas dur mais brise les cœurs. Il n'est rien. Et ce rien à lui tout seul justifie la création dans son intégralité. Il est dur d'écrire sur l'Amour. D'abord parce que les mots en ce domaine foisonnent, et à force d'être visités et revisités sans précautions, ils ont fini par être éventés et vidés de leur sens. Ensuite parce que cela nécessite de le comprendre, or qui peut s'en targuer ? On n'écrit pas l'Amour, on l'esquisse, on tourne autour, et on invente purement et simplement tout le reste.


       Mon inspiration paresse sur la feuille immaculée. Je promène l'intensité de l'une dans l'immensité de l'autre, j'allonge des phrases, élève des ponctuations, et dresse entre les lignes des ponts de symboles. Bientôt pris au jeu, les mots s'étiolent, s'échappent, et forment des sens impromptus et saugrenus. Là, un verbe d'émotion palpite sous ses voyelles au bras d'un adjectif biscornu. Plus loin des conjonctions trapues s'enchaînent à des noms courtauds. Le texte soudain sous l'encre frémit comme l'herbe sous un vent léger. Le papier semble un champ couvert d'épis, la terre fertile d'un planteur d'éternel, et son silence est l'éloquence taciturne d'une Nature secrète. Sous un nom propre une auréole s'étend...serait-ce une larme ? Un regret ? L'encre coule sous la goutte, le mot responsable du pleur est châtié...il fond...


       Le temps passe, et comme une marée abandonne dans son ressac des mots. L'auteur n'a plus qu'à se baisser, et ramasser sur la grève ces orphelins qui trouveront une mère dans l'émotion qu'il veut exprimer. Certains mots sont des horizons, et libèrent à eux seuls toute la saveur d'une vie. Ces mots sont effrayants, les prononcer apporte une sorte de mal romantique. Mais ils sont voyageurs, leur sens varie d'une seconde à l'autre. Connaître les mots, leur ambivalence, leur caractère, leurs lubies,est essentiel en écriture.

,,   Les regrets n'existent pas, ils ne sont que des mots travestis, des phrases qui s'habillent de nostalgie et qui laissent au cœur une douleur qui s'enfuit et que l'on ne peut saisir. Le vent a passé sur notre amour, et celui ci, flamme ténue, s'est éteint, soufflé par le ciel. Seule nous est restée sa fumée fantasque et un vague goût de brûlé. Non, les regrets n'existent pas. Il ne tient qu'à nous d'écrire ce qu'il nous plaît, de nous inventer des cathédrales de rires et des abysses de pleurs. Et pourtant, la plume s'émancipe parfois, et crache une amertume, pleure un mot chagrin, un souffle léger, l'ombre d'une mère qui dépérit ou d'une passion laissée pour morte sous les stries d'ombre d'un arbre mort.

24 octobre 2008

Diego le puriste (ép.1)

   

    Un rayon de soleil frappa soudain l'œil fermé de Diego. Sa paupière comme un vitrail sembla éclairer la chapelle pacifique de son crâne d'une lumière rousse. Il la souleva, mais l'éclat était trop agressif. D'une main il rabattit la couette sur sa tête. Trop tard. Le son aigri d'un violon s'éleva dans l'atmosphère empesée de sa chambre. Il essaya de rester aussi immobile que possible, mais bientôt les trilles d'une guitare à peine éveillée vinrent brutaliser ses tympans. Il se dressa brusquement, les yeux plissés et les traits tirés. Une voix douce s'éleva, tandis que le fredonnement d'une contrebasse condamnait tout espoir de sommeil. Il dévisagea les trois musiciens en posant le pied sur le carrelage glacé. Encore une journée de vie, encore une mélodie..

    L'eau du café prenait un malin plaisir à chauffer le plus lentement possible tandis que le violoniste exprimait cette attente nerveuse par un pizzicato aigu. Les biscottes craquaient sous le fil doux d'un chant calme. Diego regarda l'heure. 13H13. Bon, 13H13. Une sensation inconfortable l'envahit alors que les instruments jouaient un morceau déconstruit et interrogatif. 13H13. Il fit un bond, savamment illustré par un éclat de cordes brutalisées. Il avait un rendez vous. Enfin, il aurait du avoir un rendez vous, à 11h15. Il l'avait manqué. Peut-être pouvait il y courir et prétexter un impondérable, lui souffla la musique qui effectuait un crescendo tonitruant. 13H14. Inutile. Une  ballade nostalgique vint accompagner cette triste constatation. Leila allait le tuer, le désosser, dissoudre son corps dans de l'acide après qu'elle lui eut fait subir les plus atroces sévices. Mais la musique soudain monotone et nonchalante lui indiqua comme toujours sa sensation dominante : il s'en foutait. Et puis cette nana l'horripilait un peu avec ses confettis sortant de ses oreilles à chacun de ses mots. Au début cela le faisait rire, mais la dernière fois qu'elle était monté dans sa voiture il avait tué son aspirateur d'une overdose de ces petits papiers colorés qui s'étaient éparpillés partout sous les fauteuils.

    Diego se laissa lourdement tomber sur le dossier en plastique de sa chaise de cuisine. La chair nue de son dos s'y colla, et la désagréable sensation qui en résulta fut très bien illustrée par le Diego's Life Orchestra. Il posa son regard sur les yeux délavés de son chanteur. Il connaissait par cœur chaque trait de cet homme. Voilà vingt trois ans qu'il les avait sous les yeux sans arrêt. Son premier baiser, sa première relation sexuelle, sa première cuite, cet homme en avait été témoin, et les avait rythmé. Le contrebassiste étair arrivé plus tard, sorti d'un bouton du chanteur, pensait Diego. Depuis sa naissance, il était accompagné en toute situation, en tous lieux par un orchestre, par son orchestre, qui n'avais pas cessé une seconde d'illustrer musicalement sa vie.

    Oh oui, il lui arrivait d'en avoir marre. Il avait même une fois pensé à mourir pour se débarrasser des mélodies lugubres qu'il lui jouait après sa rupture avec Marny. Mais il n'était pas certain de ne pas les retrouver de l'autre côté. Pendant un temps il se bouchait les oreilles, mais des sous-titres apparaissaient, formant une portée où il pouvait lire les airs jouait. Il finissait cependant toujours par relativiser. Le voisin de ses parents était né entouré d'une équipe de cameramen qui lui repassait en boucle les plus gros échecs de sa vie en les accompagnant de remarques documentaires et de zooms commentés. Il avait essayé de les noyer dans un lac en s'y jetant mais on ne peut bien sûr semer ces dons du hasard. Tout ce qu'il en tira fut une vidéo de sa femme sautant de joie au cou de son meilleur ami pendant qu'il pataugeait dans l'eau, avec un gros plan sur la main de ce dernier sur la partie la plus charnue de celle là. Son meilleur ami avait écopé le jour de sa venue au monde d'un acolyte qui depuis vingt cinq ans s'obstinait à répéter sans erreur chacun de ses mots. Alors, de la musique...après tout...

15 octobre 2008

Traduction libre d'un poème de Sappho (I,1)

Ce texte est un hymne à Aphrodite, déesse grecque de l'amour. Je l'ai traduit puis versifié selon ma propre sensibilité, ce n'est donc pas une traduction exacte que voici mais une version personnelle de la lecture du texte. Mes choix majeurs d'adaptation sont indiqués dans les notes.


Texte Original :

Ποικιλόθρον᾽ ὰθάνατ᾽ ᾽Αφροδιτα,
παῖ Δίος, δολόπλοκε, λίσσομαί σε
μή μ᾽ ἄσαισι μήτ᾽ ὀνίαισι δάμνα,
πότνια, θῦμον.

ἀλλά τυίδ᾽ ἔλθ᾽, αἴποτα κἀτέρωτα
τᾶς ἔμας αύδως αἴοισα πήλυι
ἔκλυες πάτρος δὲ δόμον λίποισα
χρύσιον ἦλθες


Traduction libre :

De ton trône moiré, Aphrodite immortelle,
Reçoit ma prière, fileuse d'avenir;
Toi dont Zeus est le père, entends tu mes soupirs ?
Ne laisse point affligé mon coeur d'un coup cruel,

Mais comme au temps passé où me sentant frémir,
T'élançant de Cythère ou du toit paternel
Tu fondais sur la terre, tendre larme du ciel,
Reviens m'apaiser du feu de ton sourire.

Notes :  Ποικιλόθρον᾽  : littéralement "qui siège sur un trône doré", c'est un adjectif qui qualifie Vénus, j'en ai fait un complément de lieu. δολόπλοκε : "qui tresse des ruses", on peut entendre cela par "qui sait savamment ruser pour l'amour". λίσσομαί σε : "je te prie", j'ai décidé de changer, pour les besoins du texte, en "reçoit ma prière" et "entends tu mes soupirs". αἴποτα : j'ai choisi de remplacer cette mise en relation par une comparaison "comme au temps passé". πάτρος δὲ δόμον λίποισα χρύσιον :  j'ai replacé "la maison en or de ton père" par 'le toit paternel" et j'y ai ajouté "Cythère", lieu mythique de la naissance d'Aphrodite qui en fut longtemps un sanctuaire majeur. ἦλθες : "tu venais", j'ai remplacé ce verbe par "comme au temps passé...reviens" ce qui, finalement, reviens au même.  


17 septembre 2008

14.07.08 Défilé de la Biennale de la Danse à Lyon

    Affiche_biennale

    En sortant du métro place des Terreaux, j'eus l'impression étrange de savoir ce que ressentaient les gladiateurs des temps jadis : de chaque côté  de l'escalier menant à la chaussée, des hommes et des femmes me surplombaient, comme suspendus entre ciel et abîme terrestre, simples ombres chinoises vues à contre-jour. Je m'attendais presque à voir s'étendre à mon arrivée au sommet le cirque ensablé d'un colisée gallo-romain.
    Mais c'est le spectacle d'une ville en fête qui s'offrit à moi, l'onde houleuse d'une foule agglutinée aux barri!ères qui longeaient la rue. Ici, là, au loin, tout était recouvert d'une masse vivante de spectateurs. Les murs étaient couverts de personnes suspendues comme des épouvantails, yeux exorbités. Un parfum de tacite satisfaction flottait dans l'air de Lyon. Sur les maigres arbustes de la place de l'Opéra des fruits nouveaux, incommodément accrochés, affichaient leurs contorsions maladroites pour apercevoir le spectacle. Les échafaudages se trouvaient couverts d'occupants. Il était amusant de voir les bords de la rue de la République sous un nouvel oeil, sous le regard d'un curieux en recherche d'un poste d'observation. Tout peut-être propice à une ascension pour obtenir une meilleure vue;fenêtres, abris-bus, rambardes, portails, camions, escabeaux même apportés à cet effet.
    Je trouvais pour ma part, dans un premier temps, un poste de choix. Accolé à une rambarde, j'y discernais les danseurs du défilé dans leur intégralité et en détail.

   
Vint d'abord une troupe bariolées d'arlequins vêtus de rouge et coiffés de chapeaux cornus à clochettes. Ces danseurs du groupe appelé "les pointillés" allaient sporadiquement teinter le défilé de leur pourpre et s'y imposer comme leitmotiv. Ils maculaient les yeux de leurs cabrioles et déhanchements fantasques, adressant à la foule des regards entendus.

Pointill_s

    Puis les froufrous de vastes robes caressèrent les vibrations incessantes de percussions d'un peu de velouté délicat. Comme des éclats du soleil qui frappe sur un carreau sale, elles lavèrent l'oeil hagard du spectateur ainsi disponible pour accueillir un festival nouveau. De mystérieuses porteuses de bannières, suivies d'une forêt de drapeaux aigu, agitaient à plusieurs de grands bâtons recouverts de tissu coloré. Chacun de ces mats bigarrés, comme un portée joviale, libérait sous sa trame les mouvements courbés des femmes, notes délicates.

    La vibration des tambours se fit plus profonde, plus pressante de sa puissance. De l'ambre froide du temps lyonnais surgirent des amazones suaves, callipyges de tissu, qui attisaient de leurs bras délicats et de leurs jambes courbes la population masculine. Leurs regards, comme des braseros renversés, traversèrent la foule et s'y consuma sans ménage. Lucie, ma douce Lucie, vit une de ces braises toucher mon regard amusé et m'en gratifia d'un regard évocateur ! Mais derrière ces étincelles féminines surgirent tambours battants de virils guerriers décorés de motifs maoris, qui s'agitaient comme des incendies, roulaient de puissance et d'énergie, effectuaient un ana rude, parfaite antithèse complétive de la souplesse sensuelle de leurs homonymes de la gens féminine.

Caly_par_J

    L'embrasement s'atténua, étouffé par la glace de pierrots saugrenus affublés de costumes où étaient gelées d'intrigantes excroissances géométriques. Ils passèrent en silence et calmèrent de leur algèbre froid l'échauffement précédemment ressenti.  C'est alors que le bruit confortable du tintamarre forestier ouvrit son orée sur un horizon vert. Un général tout couvert d'humus menait de son austère visage une armée d'hommes-végétauxd'hommes-végétauxd'hommes-végétauxd'hommes-végétaux. Sous de grands chapeaux de verdure s'épanouissaient les corolles de robes émeraude, composées comme des salades fraîches. Pissenlits, gazon, mousse formaient la parure de femmes au teint de nacre et aux lèvres purpurines. La nature prêtait son vert à la Biennale. Des prêtres béats vomissaient par leurs panses obscènement crevées de grosses touffes d'herbe dont il distribuait des brins aux spectateurs.

    Puis voilà que d'orientales arabesques éclaboussèrent de leurs joies extraverties le cortège. Dans un manège grisant des danseuses aux yeux allongés et aux hanches secouées d'une seule et même marée déferlèrent sur la scène urbaine. Un char tout fardé de magnificence fendit cet océan étincelant , portant en figure de proue une odalisque alanguie qui gratifiait le spectacle de ses formes arrondies. Dans un costume miroitant fastueux elle pliait son dos léger qui semblait prêt à se rompre sous sa lourde parure.

    Entrelacé des fils rouges des "pointillés" le défilé se prolonge. Je lègue ma position à des moins grands que moi, avant de m'apercevoir que mon mètre quatre vingt cinq même ne suffisait pas à me garantir un panorama satisfaisant. Je trouvais donc, après quelques pérégrinations,, un poste agréable, enlacé à un barreau de fenêtre à plus d'un mètre au dessus du sol. De là, je vois passer un char infernal qui navigue porté par une cacophonie méphistophélique. Ses grands rouages et son immense horloge lui donnent un air implacablement menaçant. Derrière lui suivent, comme tirés par son aura maléfique, une harde de monstres bardés de monstres bardés de ferraille et brandissant des instruments aux formes inquiétantes. Funeste cortège, et pour cause : représentation du temps implacable qui de ses dents mâche, abîme et corrompt tout. Échec esthétique point du tout, car par le brillant de se son expression la troupe "Réveils du monde" nous emporte avec elle.

Horloge_funeste

    Et le défilé, avant de se clore sur une tribu de pierrots fantasques, livre un astre exotique chargé de la teinture chatoyante d'un Brésil fécond. Des danseurs endimanchés élaguaient de leurs pas légers un chemin pour une déesse. Ils tournent dans un cinémascope de chapeaux blancs et de chignons noirs. De longues jambes fuselées fendent l'air de leurs sveltes tracés avant de se rabattre langoureusement sous leurs bustes cambrés. Dans cette neige virevoltante, et sous une tempête de confettis, surgit une divinité à la peau café, auréolée de plumes, aux cheveux tressés d'où s'échappait un baume enivrant, et qui secouait son torse souple et ses seins d'ébène. Elle invitait, de ses jambes volatiles, Lyon à danser sous les étoiles d'une passion commune.

Danseuse_Braziiil


Photos : empruntées à mrnico(on Calyptratus) et Julien Fagnoni

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15 septembre 2008

Buio e Luce (version italienne)

Sotto le parole scure,
Sotto le nostre pazzie
Si nascondeva il sole,
Che solo vede il cuore.

La notte che porta il buio
Sarà sempre il contrario
Del giorno, suo fratello;
L'una muore, pure l'altro.

Cosi nostr'amicizia
Dev'essere attraversata
Della scura notte, prima
Di esser di giorno piena.

13 septembre 2008

Quelques proverbes siciliens forts sympathiques

Quannu tira u ventu fatti canna :  Sois prudent quand le vent souffle
Lu gilusu mori curnutu : Le jaloux attrape des cornes
Ama a cui t'ama, a cui nunt'ama, lassalu : aime ceux qui t'aiment, oublie ceux qui ne t'aiment pas
Cu' è picciutteddu nun è puvireddu : La jeunesse est une richesse
Nun tiniri amicizia cu li sbirri, ca cci perdi lu vinu e li sicarri : pas d'amitié avec les flics, on y perd vin et cigares
Fa' beni e scordatillu, fà mali e pensaci : Oublie le bien que tu fais, souviens toi du mal dont tu es responable
Lu signuri duna viscotta a cu nun havi anghi : le seigneur donne des biscuits aux édentés
Si voi pruvari li peni di lu 'nfernu, lu 'vernu a Missina e la satati a Palermu : Qui veut goûter l'enfer passe l'hiver à Messine et l'été à Palerme
Cu' va a Palermu e nun va a Murriali, Si nni parti seccu e torna maiali : Qui va à Palerme et non à Monreale (magnifique village des environs de Palerme) vient âne et repart cochon
Palermu è omu dabbeni, cu va va e cu veni veni : Palerme est comme un homme de bien, on peut toujours s'y fier
Cu' voli puisia venga 'n Sicilia : Aille en Sicile qui veut de la poésie

12 septembre 2008

Le chant de Sicile

Sous les murs érodés d'un couvent de Sicile,

L'ombre des orangers mêlant à mes idylles

Leurs astres éclatants, invitée par la danse

Versatile du vent me vint une romance.

Un amour inconnu qui dormait jusqu'au jour

Où, l'âme mise à nu, je trouvais au détour

D'une île caressée par un or immortel

Une vie retrouvée à l'ombre de ses ailes.

La Sicile est un coeur qui pour chaque insensé

Devient une demeure où vivent ses pensées;

Son ciel infini efface les douleurs.

Il suffit de chercher dans le fond de mon âme

Pour trouver, égaré, un éclat de sa flamme

Qui croît, s'épanouit et sème son bonheur.

12 septembre 2008

Versi a Terry

Versi a Terry

Ubriaco da vita

Sotto il cielo siciliano,

Cullato dalla luna,

Si addormitava il mio pensiero.

Una parola sola, rimasta,

Cantava nel cuore

Della mia anima dimentichata

I curvi delle pazzie tue.

E se ero rimasto quà,

Se avevo ascoltato questi pensieri,

Se non ero andato via,

Che cosa avrei leto nei tuoi occhi ?

Ho visto favillare un'alba

Nel buio di un viaggio,

Nel inizio di una tristezza,

Questo sole era il tuo riso.

Mi manca il vocabolario

Per cantare i miei sentimenti,

Ma la passione ha il suo linguaggio

Che si fa capire dai amici.

Questi versi sono un'ultimo baccio,

Il mio poemo finisce qui;

Da ricordi affogato

Io penso a te carina Terry.

29.07.08

11 septembre 2008

Picioti, picioti...

    Je ne pourrais jamais détailler tout ce qui arrivait à notre joyeuse compagnie durant ce séjour, d'une part parce que certains événements ne peuvent être écrits, car ils y perdraient leur sens et leur spontanéité, d'autre part parce que certains autres ne peuvent être que des souvenirs, des images toujours vivantes tenues sous le coeur et qui mourraient peut-être d'être disséquées sous une plume.
    Cependant, je me dois d'apposer sur le papier tout ce qui peut l'être concernant mes amis, ces éclats de Sicile qui m'apprirent à l'aimer.
   

    Vincenzo et Walter sont deux masci sans qui je n'aurais jamais pu ouvrir mon âme à leur île. Walter, du haut de sa petite taille et parfois paré d'une épaisse barbe rousse, impose par sa voix légèrement cassée, mais toute en douceur. Lui et Vincenzo sont meilleurs amis. Ils s'accompagnent dans la plainte, la colère, le rire ou la paresse. Vincenzo est grand et toujours habité d'une noblesse qui confine parfois à la fierté. Mais il est plein d'honneur, et jamais ne serait traître. Walter est une crème de sicilien, un homme à marier dont la gentillesse n'est nulle part égalée. Fort conscient du lien qui l'unit à ses amis, il en prend le plus grand soin.

    Giulia rappelle quelque peu ces marbres romains représentant Athéna ou Cérès. Le visage ferme, des pieds tout en courbes douces et un corps qui semble être passé sous le ciseau habile d'un Phidias, les yeux profonds et fumeux d'intelligence, elle sait parfois d'un simple oscillement de pupilles être plus explicite que si elle avait discouru des heures.

    Jessica possède dans ses yeux un noir dont les moirures changeantes dialoguent sans cesse. Elle est d'une gentillesse qui dépasse l'entendement et qui se veut si discrète que l'on n'ose dire merci de peur d'offenser cette belle et ténébreuse brune.

    Terry, qui malgré sa décision de m'épouser à fui indéfiniment les noces avant de revenir me les promettre, est très fine, a un caractère bien trempée et un regard perçant sur sa propre personne et sur celle des autres. Elle est d'une beauté si personalisée, si originale qu'on ne peut que l'observer avec amusement. Le visage de Terry est semblable en certains points à la grandiose figure de la Sicile, pleine d'expressions parfois saugrenues, souvent inattendues, toujours du plus joli des effets !

    Piero était le responsable logistique de notre entreprise, ainsi qu'un précieux meneur et donneur d'ambiance. Il nous prodiguait conseils, blagues, nourriture, moyens de transport, musique (dont la fameuse "disko partizani") et, il faut bien le dire, cigarettes. De plus, il était un des trois archéologues confirmés du site, et achevait un mémoire sur la trépanation durant la préhistoire.

     Alessandra était étudiante en archéologie à Palerme, mais écoppa, malchanceuse, du travail de laboratoire, c'est à dire lavement, datation, classement des innombrables éclats de céramiques récoltés. Un tâche dure et amère, qui n'ôtait cepandant pas à Alé sa sympathie, et son français tatônnant !

    Valentina, archéologue tout comme Piero, dirigeait une équipe de fouilles sur le site de San Martino, à Partana. Elle parlait d'une voix came dans lequel s'immiscait parfois un petit rire contagieux, qui lui conférait d'ailleurs un côté épanoui assez beau.

    Betty, bien sûr, dont j'ai déjà parlé. Sans elle je n'aurais pu entrer de plein pied sur cette ile qui allait flotter éternellement sur mes mains. Betty m'a accueilli a bras ouverts chez elle, m'a permis de vivre cet épisode de mon existence, sans attendre aucun retour. Elle est de plus pour moi un modèle, une archéologue accomplie, passionée et qui n'hésite pas à travailler bien plus lors d'une découverte prometteuse, parfois au grand dam des siciliens !

    Olga, sangue mio, est l'une des blanches les plus bronzées qu'il m'ait été donné de voir. Pleine d'énergie (parfois trop, son débit de parole incroyablement veloce me donna du fil à retordre), extravertie autant que faire se peut, elle me donnait chaque jour un peu de sa tendresse extravertie, ne jurant que par mots doux et sobriquets tendres !

    Stefania cachait sous un visage parfait, habité d'un de ses calmes que l'on reconnaît aux femmes fortes et indépendantes, une âme de voyageuse. Elle rêvait de faire le tour de l'Europe, et parlait un italien si lisse et fluide que l'écouter était un plaisir. Son père, un pince sans rire désopilant, me fit une impression innénarable.

    Rosy, une strurusa, ma strurusa, alliait à une beauté claire comme un fjord norvégien une ingénuité un peu théatrale. Mais sous ses traits un peu légers sommeillait une âme complexe et généreuse qui en fit une des mes amies les plus chères. Nous passions notre temps à nous jeter des quolibets adorables et à rire sur les mots d'argot sicilien que j'apprenais au jour le jour, tout exprès pour cultiver ma répartie !

    Giusi avait la capacité merveilleuse d'illuminer son environnement d'un sourire large dans lequel se lisait un amour universel. Ses rires mouillaient ses yeux de larmes étoilées qui laissaient un peu de nacre au coin de son regard intelligent, intriguant derrière les verres fins de lunettes. Je put parler avec elle de multiples sujets sur lesquels il est la plupart du temps dur de s'exprimer en langue étrangère, mais qui avec elle prenaient un sens universel et humain. 

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